Le projet « Formation, tutelle du patrimoine artistique, culturel et développement au Cameroun » a été lancé par l’ONG italien COE, Centre d’Orientation Educative, dont le siège est à Barzio (Italie) et qui est présent au Cameroun depuis 1970 avec des projets de soutien au développement dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de la formation, de l’agriculture.

A Mbalmayo, dans la région centrale du Cameroun, le COE est actif comme Centre de Promotion Sociale. Parmi plusieurs d’autres initiatives, dans cette ville il a fondé l’IFA, Institut de Formation Artistique, l'unique école à orientation artistique actuellement en vigueur dans le pays. Le patrimoine artistique du Cameroun est donc bien présent à l'attention du COE, qui s’est toujours engagé dans la sauvegarde de la culture des pays où il soutient des projets de développement. Les potentialités liées à la tutelle du patrimoine artistique camerounais, de remarquable richesse, a motivé le COE dans le lancement de cette initiative.

Le projet a été conçu et coordonné par l’architecte Bianca Triaca, experte du COE. La direction scientifique a été assurée par Jean–Paul Notué, professeur d’histoire de l’art, de muséologie et d’anthropologie à l’Université de Yaoundé I. Le projet muséographique a été confié à l’architecte Antonio Piva, expert de l’UNESCO, professeur d’architecture et de design à la Faculté d’architecture de l’Ecole Polytechnique de Milan.

Les principaux objectifs visés étaient les suivants: sauvegarder et valoriser, là où il vit, le patrimoine culturel et artistique du Cameroun; favoriser des dynamiques de développement culturel et économique dans les milieux concernés par le projet, et plus généralement dans le pays; former des jeunes camerounais à de nouvelles professions dans le domaine de la tutelle des biens culturels; ouvrir de nouvelles possibilités d’emploi.

A partir d’une zone du Cameroun, le Grassland, où le patrimoine est le plus riche et où les dangers de dispersion et de dépérissement des objets d’art sont donc plus nombreux, une commission présidée par Jean-Paul Notué a identifié quatre royaumes comme sites des nouveaux musées. Mankon, Babungo, Baham, Bandjoun ont été choisis sur la base des critères suivants: la présence d’un patrimoine significatif; la disponibilité des autorités traditionnelles pour permettre l’étude et la jouissance sociale des objets du patrimoine de leur communauté; le degré du désir et de la volonté de la localité de se doter d’un musée moderne et adéquat; l’engagement des autorités traditionnelles à la mise à la disposition du projet et à temps, d’un bâtiment approprié. Le COE se chargeait de la formation des futurs conservateurs, de l’aménagement et équipement des espaces destinés à accueillir dans chaque musée les collections et l’activité d’animation culturelle.

Par concours, 20 jeunes ayant au moins le bacalauréat ont été retenus pour une formation relative aux activités muséales. Le programme prévoyait: une formation théorique (1 ère année), résidentielle, à orientation professionnelle, auprès de l’IFA de Mbalmayo; une année de formation pratique (2 ème année) sur le terrain de chaque musée, aboutissant à la documentation, à l’aménagement des collections, à la rédaction des panneaux et des catalogues; une année de gestion des nouveaux musées soutenue par le projet, qui a assuré une bourse mensuelle aux jeunes pendant toute la formation et la première année de gestion des quatre musées.

Des enseignants et des experts camerounais de l’Université de Yaoundé I et du Ministère camerounais de la Culture (Direction du patrimoine /Centrale des musées) ainsi que des experts italiens ont dispensé les cours. Le programme de la formation théorique , organisé selon les indications de l’ICOM (International Council of Museums), comprenait 4 modules pour un volume horaire total de 800 heures, en plus des visites des musées, des galeries d’art, des ateliers d’artistes et des expositions sur le terrain:

  • module 1: art, culture et patrimoine;
  • module 2: musées, collections, théories et techniques muséologiques;
  • module 3: architecture muséale, techniques muséographiques, conservation, restauration;
  • module 4: animation culturelle, initiation à l'informatique et aux techniques audiovisuelles.

Les enseignements se sont déroulés en deux semestres dont chacun était sanctionné par un examen d’évaluation de fin de session.

Le COE-IFA a hébergé les étudiants pendant les huit mois de formation théorique et à leur mis à disposition des salles équipées pour dispenser les cours et exécuter les travaux pratiques et les exercices. Une bibliothèque spécialement fournie de textes de muséologie et de muséographie a été organisée pour les stagiaires et pour les formateurs. Le projet a doté le cours de formation, et ensuite chaque musée, d’ordinateurs, imprimantes, graveurs, scanners, photocopieuse, appareils photos, magnétophones. Le matériel de consommation comme cd, disquettes, cassettes, papier… a été de même mis à disposition par le projet. Chaque étudiant, en fonction de ses réalisations, a eu une attestation de fin de stage de formation théorique.

Pendant la deuxième année de formation l'activité s’est déroulée sur le terrain. Les stagiaires ont étudié le patrimoine de leur chefferie avec la supervision des responsables du cours et en collaboration avec les institutions traditionnelles. Le responsable scientifique a vérifié les résultats de leurs enquêtes. Rédigés selon les indications de l’ICOM, ils constituent les textes des catalogues des collections et des panneaux exposés dans chaque musée.

Au début du février 2003 l’architecte italien Antonio Piva, professeur de muséographie à la faculté d’architecture de l’Ecole Polytechnique de Milan et collaborateur de l’UNESCO, a été sur le terrain pour s’occuper du projet d’aménagement des musées. Toute intervention a été réalisée avec des matériaux, des techniques et de la main d’œuvre du milieu.

En octobre 2003 les quatre musées ont débuté leur activité. Conçus pour appartenir à la communauté internationale ainsi que leur inscription légitime à la réalité africaine, camerounaise, locale et régionale, ils apparaissent comme des foyers actifs à consolider le respect de la pluralité sociale et culturelle. La prédominance de la tradition dans les collections permanentes sera compensée par l’accent mis sur la modernité qui caractérisera les expositions temporaires.

Dans leur activité, ces musées contribuent au développement des valeurs culturelles qui permettent de surmonter l’écart entre le local et le global, ainsi qu’entre la tradition et la modernité. Ils ouvrent de nouvelles possibilités de travail et de développement liées à la valorisation d’une importante ressource du pays, tout en renforçant la conscience d’une identité culturelle riche et ouverte à la rencontre et à l’échange avec les cultures du monde.

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Les phases de la réalisation des musées

 
Mankon, le roi Angwafo III, des notables et des stagiaires sur le chantier du musée en fevrier 2003
 

Bandjoun, travail collectif pour la réalisation des panneaux en bambou pour le musée

 

Baham, des épouses royales restaurent des anciennes tenues en tissu ndop, mars 2003

 

Babungo, revêtement en bambou de la façade du musée, juillet 2003

 

Mankon, le muséographe prof. Antonio Piva au travail dans la cour du palais royal

 

Babungo, les épouses royales aident le travail d'inventaire

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